European Economic
and Social Committee
Le rôle des technologies d’élimination du dioxyde de carbone dans la décarbonation de l’industrie européenne
Lien pour suivre l'audition du 20 avril 2022. Cette audition est liée à la première réunion du groupe d'étude, qui a lieu le même jour.
L’adoption de la loi européenne sur le climat a défini un objectif ambitieux de réduction des émissions à l’horizon 2030 tout en confirmant l’objectif de neutralité climatique d’ici à 2050. D’après les scénarios du GIEC, il faudrait que les émissions anthropiques mondiales nettes soient nulles d’ici à environ 2050 pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 degré. Ensuite, la réalisation de cet objectif exige le déploiement de l’élimination du dioxyde de carbone (EDC) qui peut être rendue possible par la bioénergie avec captage et stockage du dioxyde de carbone (BECSC) et par les absorptions dans le secteur de l’agriculture, de la foresterie et des autres affectations des terres. Le GIEC définit l’EDC comme les «activités anthropiques qui permettent d’éliminer le CO2 de l’atmosphère et de le stocker, de manière durable, dans des réservoirs géologiques, terrestres ou océaniques, ou dans des produits».
Moins les réductions des émissions de gaz à effet de serre sont rapides et rigoureuses, plus forte est la dépendance vis-à-vis de l’EDC pour atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris. Selon le moment où les activités d’EDC sont mises en place, elles peuvent servir deux fins différentes: i) parvenir plus rapidement à une situation de zéro émission nette en compensant les émissions dans les secteurs où elles sont les plus difficiles à réduire, et ainsi accroître la probabilité de rester sous les seuils de température; ou ii) ramener le réchauffement climatique mondial sous les seuils fixés après un pic de température au-dessus de ces seuils (dépassement temporaire).
Parmi les pratiques d’EDC, il y a lieu de bien distinguer les solutions fondées sur la nature, notamment le boisement, la gestion des sols, la biochar ou encore la restauration des zones humides, des technologies d’EDC comme l’altération accélérée, la bioénergie avec captage et stockage du dioxyde de carbone (BECSC) et le captage direct dans l’air et le stockage du dioxyde de carbone (CDASC).
Le paquet législatif «Ajustement à l’objectif 55» promeut indirectement certaines technologies d’EDC sans proposer de stratégie intégrée alors que ces solutions à l’échelle industrielle seront d’une importance cruciale pour atteindre l’objectif de neutralité climatique à l’horizon 2050. En outre, ces technologies présentent un ensemble de défis, du point de vue des effets sociaux et environnementaux néfastes de l’acceptation sociale. Dernier point, et non des moindres, les technologies d’EDC industrielles peuvent créer des chaînes de valeur dominantes en Europe si l’Union européenne est l’un des précurseurs dans le développement de ces solutions complémentaires.