Ensemble contre la haine: la société civile, les citoyens et les institutions s’engagent à combattre la haine qui se propage en Europe

Face à la multiplication à un rythme effrayant des discours et des crimes de haine, les Européens unissent leurs forces et renforcent leur action contre toutes les formes de haine pour faire valoir que dans l’Union européenne, il n’y a pas de place pour la haine

Le Comité économique et social européen (CESE) appuie de tout son poids les efforts que l’Union européenne déploie pour endiguer la haine sur son territoire, alors que celle-ci connaît une flambée alarmante et cible de plus en plus des groupes et des individus en raison de leur religion, de leur origine raciale ou ethnique, de leur genre, de leur orientation sexuelle ou de leurs convictions politiques.

Le CESE, de concert avec les citoyens et les autres institutions, s’engage à faire davantage pour lutter contre la haine dans le monde aussi bien réel que virtuel. Il l’a affirmé lors d’un débat de haut niveau tenu le 31 mai dans le cadre de sa session plénière au cours de laquelle il a adopté son avis sur le thème «Pas de place pour la haine: une Europe unie contre toute forme de haine», où il a dénoncé toutes les formes de haine et approuvé la communication de la Commission européenne sur cette même question.

«C’est à nous tous qu’il appartient de lutter contre la haine. Pour s’y attaquer efficacement, nous, aussi bien les responsables politiques que la société civile et les citoyens, devons tous travailler ensemble. Ce n’est qu’ensemble et par le dialogue que nous pourrons combattre avec succès la détestation qui croît au sein de notre société et qui constitue une véritable menace pour notre démocratie», a déclaré Oliver Röpke, président du CESE, pour ouvrir le débat lors de la session plénière du CESE.

Le président du CESE a souligné que les récentes attaques contre le député allemand au Parlement européen Matthias Ecke et le Premier ministre slovaque Robert Fico attentaient à la démocratie, et qu’elles mettaient au jour les profondes divisions à l’œuvre dans la société européenne qui ont débouché sur ces violences.

Les participants au débat, qui réunissait de hauts fonctionnaires de la Commission européenne et du gouvernement belge ainsi que des représentants de citoyens et d’organisations de la société civile, notamment ILGA-Europe et le Réseau européen contre le racisme (RECR), ont fait valoir que les données chiffrées les plus récentes témoignent d’une augmentation sans précédent de la haine et de la violence.

Un rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne a montré que les personnes d’ascendance africaine dans l’Union sont particulièrement exposées à diverses formes de haine, y compris le harcèlement raciste et la discrimination raciale. Il ressort de l’enquête menée récemment par cette même agence que les personnes LGBTQIA+ aussi n’avaient jamais dû faire face à autant de violence, de harcèlement et d’intimidation.

La misogynie se manifeste tout aussi vivement, les femmes politiques étant trois fois plus souvent victimes de harcèlement que leurs collègues masculins. Les discours contre les immigrés prennent également de l’ampleur.

Un projet financé par l’Union européenne a analysé huit millions de messages en ligne dans l’Union et en a conclu que le niveau de toxicité haineuse s’est accru de 30 % depuis le début de l’année 2023. Des hausses brutales des incidents antisémites et antimusulmans ont été signalées: dans les derniers mois de 2023, le nombre de messages de cette teneur a plus que doublé dans l’espace en ligne de l’Union européenne.

Face à cette flambée de haine dans toute l’Union européenne, la Commission et le haut représentant ont publié en janvier une communication intitulée «Pas de place pour la haine: une Europe unie contre toute forme de haine».

Cette communication vise à renforcer les actions menées dans divers domaines politiques, y compris dans les secteurs de la sécurité, du numérique, de l’éducation, de la culture et du sport, et à lutter contre la haine sous toutes ses formes, que ce soit contre le harcèlement, les agressions verbales en ligne comme dans le monde réel, les menaces ou encore les faits de violence.

«La communication de la Commission “Pas de place pour la haine: une Europe unie contre toute forme de haine” est un appel pour agir contre la haine et prôner la tolérance et le respect. Les valeurs énoncées dans le traité de l’Union proscrivent sans détour les crimes et les discours de haine. Malheureusement, nous assistons ces derniers temps à une augmentation aussi bien des uns que des autres», a déclaré Dubravka Šuica, vice-présidente de la Commission chargée de la démocratie et de la démographie, dans un message vidéo.

Afin d’associer de près les citoyens à cette action, la Commission a mis sur pied le panel de citoyens européens sur la lutte contre la haine dans la société, qui a rassemblé 150 citoyens de tous âges sélectionnés de manière aléatoire afin d’examiner les causes profondes de la haine et les moyens de les combattre. Ce panel, auquel le CESE a également participé, a élaboré une série de recommandations. L’un des participants à ce panel de citoyens en a présenté les recommandations lors du débat de la session plénière du CESE.

Mme Šuica a mis en relief les résultats remarquables produits par le panel de citoyens européens et déclaré que «la démocratie s’épanouit grâce à la capacité des citoyens d’y contribuer et d’y participer à tous les niveaux de gouvernement. Ceci prouve que joindre nos efforts, et notamment associer largement la société civile, nous permet de trouver les bonnes solutions».

«Qu’elle soit motivée par la race ou la couleur de peau, la religion ou les convictions, le genre, l’âge, l’orientation sexuelle ou le handicap, il faut combattre la haine sous toutes ses formes, tant en ligne que hors ligne, que ce soit dans les discours, qui précèdent les actes, ou dans les actes individuels et la discrimination structurelle», a déclaré Marie-Colline Leroy, secrétaire d’État belge à l’égalité des genres, à l’égalité des chances et à la diversité.

«Le tour que prend le débat au sein de la société appelle une vigilance de tous les instants, mais aussi un travail sans relâche à l’échelon tant européen que national en faveur d’une société dans laquelle chacun a sa place et se sent respecté et en sécurité. Nous devons accomplir davantage de progrès pour réaliser cet objectif, autant que se peut avec le concours de la société civile, afin de bâtir une véritable union de l’égalité», a déclaré Mme Leroy.

Dans son avis, le CESE a mis en avant la nécessité de nouer un partenariat plus global avec les organisations de la société civile. À la veille des élections européennes, il a réaffirmé qu’il incombait aux responsables politiques, encore plus qu’à d’autres, de s’abstenir de discours qui favorisent la division et la haine.

Il a invité l’Union européenne à adopter une approche globale pour combattre la haine fondée sur l’une des caractéristiques protégées de la personne humaine, tout en adoptant la même approche pour lutter contre tous les types de haine.

«Lutter contre les discours de haine est un impératif existentiel; aussi toutes les institutions européennes et nationales doivent-elles prendre des mesures coordonnées pour défendre la démocratie libérale. Lutter contre la désinformation et contrer les ingérences étrangères et le financement occulte et malveillant par des acteurs extérieurs d’organisations qui incitent à la haine et diffusent des discours haineux devrait constituer autant de priorités pour l’Union européenne et ses États membres», a déclaré Cristian Pîrvulescu, rapporteur de l’avis du CESE.

«La liberté d’expression doit être préservée et sauvegardée, mais il est inacceptable, en tout état de cause, qu’elle serve de paravent à la haine et la discrimination», fait valoir Milena Angelova, corapporteure de l’avis.

«Nous demandons que l’Union européenne s’efforce de débusquer les “écosystèmes” de haine, tant en ligne que dans le monde réel, afin de les combattre. Malheureusement, tout spécialement dans le contexte des prochaines élections, ces écosystèmes produisent d’ores et déjà de lourds effets en Europe, sur le plan politique et électoral. Pour lutter contre ce phénomène, il nous faut de vastes campagnes d’information et de sensibilisation qui s’inscrivent dans le cadre d’un effort orchestré pour éradiquer toutes les formes de haine», a-t-elle déclaré.