Discriminés uniquement en raison de leur âge: les jeunes devraient jouir des mêmes droits sur le marché du travail

Les jeunes devraient percevoir le même salaire et les mêmes prestations de sécurité sociale que les autres travailleurs, y compris les mêmes salaires minimaux, ce qui n’est pas encore le cas dans l’ensemble des États membres

L’Union européenne et les États membres doivent mettre un terme aux pratiques discriminatoires à l’encontre des jeunes que sont par exemple les faibles salaires minimaux qui leur sont réservés, et les stages non rémunérés. Le Comité économique et social européen (CESE) a déclaré le 15 juin dernier que les jeunes doivent aussi être associés plus directement à l’élaboration des politiques, en particulier de celles qui les concernent.

Ces demandes, formulées par le CESE dans deux avis adoptés au cours de sa session plénière de juin, coïncident avec l’adoption le 14 juin, par le Parlement européen, d’un rapport sur les stages de qualité qui invite la Commission à proposer une directive sur ce thème. Cette directive rendrait illégal l’emploi de stagiaires non rémunérés pendant de longues périodes, un problème dont les organisations de jeunesse se sont saisies depuis un certain temps.

Trop de jeunes qui perçoivent un salaire minimum inférieur ou effectuent des stages non rémunérés ont une expérience négative du marché du travail. Nous ne pouvons pas ne pas voir cette réalité actuelle dans nos États membres, a déclaré Michael McLoughlin, rapporteur de l’avis intitulé L’égalité de traitement des jeunes sur le marché du travail.

Nous demandons aux institutions européennes, aux États membres et aux partenaires sociaux d’examiner cette question. Nous devons rétablir la confiance des jeunes, ainsi que le lien entre bon nombre d’entre eux et le projet de l’Union européenne, a-t-il souligné.

Nous avons besoin d’investissements conséquents, mais ce qui a été fait jusqu’à présent n’est pas adéquat, a déclaré Nicoletta Merlo, rapporteure de l’avis intitulé Coopération dans le domaine de la jeunesse, élaboré à la demande de la future présidence espagnole du Conseil de l’Union européenne, qui vise à donner un nouvel élan au programme de l’UE en faveur de la jeunesse.

Lorsqu’il s’agit de la jeunesse, on ne peut se permettre de manquer d’ambition. Les jeunes ont le droit d’être écoutés et d’agir. Leur participation doit être encouragée tout au long de l’ensemble du processus de conception, de mise en œuvre et de suivi des politiques publiques, qui se doivent de souligner l’importance du rôle des organisations de jeunesse et prendre en considération de nouvelles formes informelles de rapprochement, de coopération et de dialogue entre les jeunes, a déclaré Mme Merlo.

Le CESE demande que le principe de l’égalité de traitement soit mieux appliqué dans le cas des jeunes sur le marché du travail, car ces derniers sont toujours confrontés à une discrimination reposant uniquement sur leur âge. Le CESE exige qu’ils bénéficient des mêmes conditions de travail et de prestations en matière d’emploi, de sécurité sociale et d’assistance sociale que les autres travailleurs.

En outre, en vertu du principe de l’égalité de rémunération pour un même travail, les jeunes devraient avoir droit au même salaire minimum que les autres travailleurs. Ce n’est actuellement pas le cas dans certains pays, qui ont mis en place pour les jeunes des salaires minimaux distincts, et inférieurs, en dépit du fait qu’un jeune travailleur sur quatre perçoit un salaire minimum, contre un sur dix pour les autres catégories de travailleurs.

Les jeunes sont également au cœur du programme politique du nouveau président du CESE, Oliver Röpke, qui a beaucoup insisté pour renforcer le dialogue avec les jeunes et les faire participer à l’élaboration des politiques.

Au cours d’un débat avec les organisations de jeunesse qui s’est tenu pendant la session plénière, M. Röpke a déclaré: Nous nous sommes engagés en faveur d’un modèle plus inclusif, qui place les jeunes au cœur du processus d’engagement. J’ai fait de l’ouverture des portes du CESE aux jeunes ma priorité politique, et je n’ai pas l’intention de m’arrêter aux frontières de l’Union européenne. Je souhaite nouer des contacts également avec les organisations de jeunesse des pays candidats. La jeunesse est notre avenir, et c’est à elle qu’il appartient de choisir ce à quoi cet avenir doit ressembler.

Des représentants du Forum européen de la jeunesse, de Generation Climate Europe et de la ReDI School of Digital Integration ont participé à ce débat. Ils ont souligné l’importance d’associer les jeunes de manière significative et cohérente à l’élaboration des politiques.

Les jeunes ne devraient pas être intégrés après coup, mais se trouver au cœur même de l’élaboration des politiques, a déclaré María Rodriguez, présidente du Forum européen de la jeunesse. Elle insiste fortement sur la nécessité d’interdire les stages non rémunérés, de faire en sorte que les jeunes perçoivent, à travail égal, les mêmes revenus que leurs pairs plus âgés, et qu’ils bénéficient de la même protection sociale.

Ce n’est que grâce à des changements de cette importance que les jeunes pourront commencer à atteindre une quelconque parité avec les générations plus âgées sur le marché du travail — et c’est le minimum que nous méritons, a-t-elle conclu.